Peindre d’abord un ciel bleu avec dans sa tête une porte ouverte.[1]
Peindre ensuite quelques arbres simples, pas forcément beaux et bien utiles
au tableau.
Placer ensuite la ruche
dans un jardin, dans un bois, ou dans une forêt, puis s’asseoir à l’ombre sans rien dire, sans bouger…
Parfois l’Apé arrive vite, mais elle peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider.
Ne pas se décourager; attendre, la vitesse ou la lenteur, la richesse ou la pauvreté n’ont aucun rapport
avec la réussite du tableau.
Quand l’Apé arrive - si elle arrive - observez le plus profond silence ;
attendre qu’elle soit entrée dans la ruche
et quand elle est entrée
, fermer doucement les yeux, puis effacer un à un tous les bruits alentours
en ayant soin de ne toucher aucun murmure des ailes de l’Apé.
Faire ensuite le portrait de la ruche
en choisissant la plus simple des formes.
Pour l’Apé
, peindre aussi une flaque d’eau et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le frémissement de l’herbe dans la chaleur de l’été
et puis attendre que l’Apé se décide à butiner
Si l’Apé ne se montre pas, c’est mauvais signe : signe que le Gaucho et le Régent sont fatal pour l’Apé. Mais si elle murmure, c’est bon signe : signe que vous comprenez.
Alors ouvrez tout doucement une paupière puis l’autre et contemplez enfin le miroir de l’Apé.
Notes
[1] Inspiré par le poème de Jacques PREVERT “Pour faire le portrait d’un oiseau”