Les 1000 pains

Alors que nous venions avec mes frères et sœurs de perdre notre père victime d’un accident de voiture dans le vallon de Saint-Vincent au virage de Pont-de-Joux et que nous étions sans le sou, un homme vint chez le boulanger du quartier payer d’avance 1000 pains pour notre famille. Nous ne sûmes jamais qui eut ce geste fraternel pour aider cette jeune veuve, Maman, et ses 9 enfants mineurs. Alors lorsque j’ai appris bien des années après que Louis PUDENT partait à la retraite et que son ancien four de boulanger était à vendre, il m’est apparu comme une évidence qu’il me fallait l’acquérir. En fait ce n’était pas si évident que çà! J’étais à l’époque sans travail et sans argent ; à croire que les choses se répétaient comme pour attirer mon attention. J’ai pris sur moi de méditer cette répétition et ce que j’en ai compris est qu’en effet il s’agissait probablement d’une répétition.

Non pas comme quelque chose qui se reproduit mais plutôt comme une préparation à un autrement. Dès lors, j’ai vu dans les jours suivants une modification dans ma façon d’aborder les événements. Là où habituellement je m’apitoyais, je me suis mis à envisager un autre possible et comme j’étais disposé mentalement à tenter de voir ne serait-ce qu’une autre possibilité j’ai pu en observer bien plus qui se tenaient proches les unes des autres. Cette pratique m’a permis d’acquérir ce vieux four datant de 1632 qui est aujourd’hui mon atelier.

Hou,la, la! Me diront certains, tu vas finir par nous faire croire que sont dissimulées près de nous des vérités insoupçonnées? Non, Là n’est pas mon intention, c’est seulement pour témoigner que la disponibilité mentale offre bien des avantages ; alors j’en profite.

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