Sidali DE SAINT-JURS

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mardi 26 octobre 2010

Un temps pour l'Apé

Je travaille pas mal en ce moment et j’arrive néanmoins à me dégager des temps de détente. J’ai la chance de faire toute l’année une activité que d’aucun ne peut faire que durant ses congés. Pour me détendre je continue à faire la même chose, c’est à dire, créer. Alors comment peut-il y avoir récréation si cela est semblable au travail?

indien DJP1indien DJP2

Si je porte mon attention sur un objectif à atteindre je suis dans un temps de travail, avec des comptes à rendre. En revanche si je suis dans un projet alors là le résultat ne compte plus ; seul le vécu est primordial.

Api rustique

Cette sculpture haute de 1m90 et qui représente un apiculteur enfumant une ruche rustique est le fruit d’un projet collectif de l’époque où je donnais des cours[1] de sculpture. Les participants étaient des adultes en pré-retraite ou retraités. Mon intention durant ce projet était de proposer aux participants de vivre une expérience d’exploration par le corps des 3 dimensions. Généralement nous raisonnons en 2 dimensions comme par exemple : j’aime/j’aime pas, avant/après, blanc/noir, rire/grimace,…

Api rustique dos

Lorsque l’un des participants modelait le revers de la veste sur l’épaule de droite il devait avoir à l’esprit la position dans l’espace de l’épaule gauche tout en tenant compte que son travail s’intègre bien dans l’œuvre. Cette contrainte ne visait qu’un seul objectif : la perception de son propre schéma corporel. Lorsque nous sommes au volant d’une voiture et que nous avons le réflexe de baisser la tête sous un passage bas ou que l’on a un mouvement de côté sur le siège en évitant de justesse un obstacle, c’est que nous avons intégré le véhicule ; la voiture devient alors comme une extension de soi.

De fait dans ce projet les participants sont dans l’obligation de faire des allers retours entre la sculpture, leur propre corps ou celui d’un autre participant. Dès lors l’activité cérébrale[2] s’en trouve très stimulée.

Que ce soit durant mes récréations ou durant mon travail (temps pédagogique), l’art n’est qu’un prétexte[3], agréable moment d’action, moyen de rencontre avec soi-même, avec l’autre. L’art pour créer des liens, pour donner du sens et préserver la souplesse de mon cerveau.

Notes

[1] En 2001 et en 2004 j’ai mis en place pour les villes de Gemenos et de Saint-Cyr sur mer un festival de sculpture avec la réalisation de 8 sculptures en pierre pesant de 1 tonne 500 à 3 tonnes.

[2] L’accueil qui était réservé à cette approche pédagogique durant les séminaires de développement personnel (DP) que j’animais, m’avait conforté dans l’idée que le DP est une condition fondamentale faisant partie des compétences professionnelle

[3] Je réalise combien peut être déstabilisant de lire qu’un artiste n’est pas seulement cela et qu’il est également ceci. “La vie n’est pas courte, seul le temps est compté”!

jeudi 3 juin 2010

Lévite de l’Apé

Dimanche 23 mai 2010 nous fêtions le cinquantième anniversaire de Jean-Pierre Brun. C’est à cette occasion que j’ai réalisé la première des 99 toiles de mon œuvre majeure. Un lien teinté de bleu indigo puis de jaune miel me relie à la famille de ce quinquagénaire.

Tracé à l'ongle

Sur la toile bleue j’esquisse de mes ongles les premiers traits comme l’on caresserait la terre. A la brosse jaune et orangée un arc j’ai tracé, passerelle d’amitié.

tracé de l'arc

Lumière sur l’ombre j’ai posé, jaune, vert, bleu, violet, voilà le tracé.

bleu vert jaune violet

tracés oubliés

Lumière et ombre opposées, seul face à mon chevalet il me faut piocher, creuser, chercher au centre de la terre, au centre de moi-même, quelques traits oubliés.

miroir

Touches à touches, pas à pas, franchissant les obstacles, remontant au pinacle ; miroir inversé qui donc est contemplé ?

Avettes au tabernacle, Apiculteurs gardiens de l’arche, Lévites seriez-vous ? Doigt et pinceau scellent le secret.

sceau du secret

L’Apé est l’architecte de toutes choses et messagère du Verbe créateur. Elle est la parole, le Nom, qui préfigure l’imprononçable Nom. C’est ce Nom que l’on invoque lèvres jointes, qui arrête le dard de l’abeille irritée, langue serrée entre les dents le silence s’unit à la parole.

Lévite

Naissance et renaissance, futur et passé sont maintenant tissés entre le ciel et l’Apé.

Crédit photos : Patrick CARNUS 23 mai 2010